Une interview de Xavier De Le Rue sur BangingBees ? Et oui les cocos, on a beau avoir une image shred/hardcore/dope/hype/park/steet/wesh /yo/sisilafamille où tout autre étiquette que vous voulez, on kiffe le freeride et rider de la pow plus que tout ! Et il faudrait être vraiment étroit d’esprit pour ne pas avoir le plus grand respect pour la carrière de Xavier De Le Rue. Nous l’avons rencontré la saison dernière sur l’étape du Freeride World Tour de Chamonix histoire de papoter de plein de choses intéressantes comme l’image du freeride, les innovations vidéos, le freestyle backcountry, la sécurité, son frère Victor, les médias mainstream, le plaisir de rider… Voici donc une interview plutôt instructive dont on est fier, mais ne vous inquiétez pas, vous aurez quand même bientôt votre dose d’articles futiles du genre le top 10 des derniers accessoires tendances !
Photos ©TheNorthFace
Le Freeride World Tour c’est toujours ton truc ?
Je n’ai fait que les étapes de Courmayeur, Chamonix et Verbier surtout vis à vis de mes sponsors. Je fais juste des lignes qui me plaisent, je n’ai pas la pression de vouloir plaire aux juges et d’ailleurs je me boite pas mal. Mais c’est toujours bien de montrer le freeride au grand public aussi.
Tu joues une sorte de rôle d’ambassadeur du freeride ?
Ce n’est pas forcément un rôle qui me plait avec les compètes. Je préfèrerais être un ambassadeur grâce à mes films car c’est là où je peux m’exprimer comme je veux.
Tu as eu des images de Freeride World Tour dans ta vidéo part dans une Standard il y a quelques temps. Tu en profites toujours pour tourner des images ?
Oui éventuellement si ça s’y prête. A Chamonix et Courmayeur les faces ne sont pas assez grosses pour faire des images. Il n’y a qu’à Verbier où ça passe. D’ailleurs c’est la seule étape qui me plait vraiment
Quelle est ton analyse du circuit freeride World Tour en snowboard ?
Je trouvais ça vraiment limite ces dernières années, mais finalement ça évolue dans le bon sens avec les riders américains comme Ralph Backstrom ou Sammy Luebke qui amènent du niveau ou Douds Charlet qui ride bien aussi. Mais je pense que ça manque de relève car le freeride n’a pas eu une image cool pendant des années. Les gens ont plutôt appris à rider du park et ont un peu oublié d’apprendre à tourner et ça se ressent maintenant.
Est-ce que l’un des buts de tes vidéos est de redonner envie aux gens de faire du freeride et de changer l’image de cette pratique ?
Le plaisir dans ce que je fais c’est de trouver une façon de filmer innovante pour avoir des images de fou que les gens n’ont pas vu. Si c’est pour être un petit point filmé au loin qui descend une grosse montagne, ça n’a pas d’intérêt et ça ne me fait pas triper. S’il n’y a pas de nouveauté c’est vite relou et c’est vrai que pendant des années les parts de freeride ont été toujours faites de la même manière.
La cover de Transworld avec le drop sur la face gelée, c’est vers ce genre de nouveauté que tu veux aller ?
Complètement et il y a encore plein de choses à faire. En ce moment je trippe bien sur le paramoteur (parapente à moteur) pour accéder et filmer des lignes dans des endroits un peu fou. Dans des spots où il n’y a pas forcément d’hélicos, on peut être tout seul dans son camping car et aller rider des lignes grâce à son paramoteur. Dans le futur j’aimerais faire un beau projet avec ça. Ca serait une façon de vivre le snowboard différemment et j’ai vraiment besoin d’expérimenter des nouveaux trucs dans le snow, sinon je préfère aller à la plage !
Qu’est ce que tu penses de cette tendance de faire du freestyle backcountry naturel à la Jake Blauvelt ? Ca t’inspire et ça te donnerait envie de mettre un peu plus de freestyle dans tes runs ?
J’ai toujours envie de faire du freestyle et j’en parle d’ailleurs souvent avec mon frère Victor quand on ride un park ensemble. Je sais encore poser mes tricks et Victor me dit toujours que je devrais faire des tricks en grosse montagne. Mais je ne pense pas avoir fait assez de freestyle pour rivaliser avec un Jake Blauvelt. Je trouve ça magique mais leur terrain est plutôt de la moyenne montagne. Moi ça serait de la haute montagne. Quand je ride ce genre de spot j’ai trop peur d’aller taper un 360 et de risquer de me mettre une boite sur une face raide. Je ride hyper vite pour que ça soit plus safe en fait, car j’ai toujours peur que la neige parte. Je suis hyper parano des avalanches.
C’est un peu paradoxal pour quelqu’un qui ne ride que des grosses faces en freeride d’avoir peur des avalanches ?
Oui et non car quand les gars vont faire des kickers backcountry il y a des risques que tout parte aussi. Je préfère être dans un petit couloir bien raide où ça a purgé et où je peux m’échapper.
Donc pas de freestyle en gros freeride au programme ?
Je repars en Alaska cet hiver et je vais être plus relax car je n’ai pas de film à faire, donc j’ai envie d’essayer de faire ça et peut être mettre un bon 360 back dans une ligne.
Quelle est ton analyse sur la carrière de ton frère Victor ?
Je suis fier de lui. C’est bien qu’il n’ait pas essayé de faire exactement comme moi bêtement. Qu’il ait fait son truc dans son coin comme ça lui plaisait et ait évolué avec ses potes.
C’est lui qui a voulu que tu l’inities au gros freeride ?
Non pas vraiment mais ça fait des années que l’on disait qu’on devrait le faire car on aime bien rider ensemble. Et c’est clair que c’est cool de rider avec son frère.
Ca ne te mets pas trop la pression de l’emmener sur des terrains dangereux comme l’Alaska ?
Au début j’avais vraiment la pression et comme je flippais je n’arrivais pas à me concentrer complètement sur mes lignes. Je me suis mis des grosses boites à cause de ça. Mais Victor a la tête froide, il apprend hyper vite et il ne fait pas le con. Quand on shoote, ça va hyper vite, on ne traine pas et il s’est vite adapté.
Et tu ne t’es pas fait engueuler par tes parents de l’avoir converti au gros freeride ?
C’était un peu tendu avec ma mère au début, car elle n’apprécie pas trop que l’on aille en Alaska…
Ton film sur l’Antartique comment ça s’est passé ?
On a fait ça en décembre dernier et j’ai organisé la logistique de A à Z. Ca m’a vraiment plu de faire ça pour le côté orginal. On comptait faire juste un petit docu de 20 minutes mais on avait beaucoup d’images donc on a fait un film de 40 minutes.
Le plus important pour toi ce sont tes projets vidéos ?
Oui j’aime bien avoir de nouveaux concepts chaque saison. J’arrêterai quand je serai à cours d’inspiration !
Tu as donc des nouveaux projets de destination ? La Russie ou l’Inde par exemple ?
J’ai une idée de trip avec Victor que je garde sous le coude mais je ne peux pas en parler ! La Russie j’ai déjà fait, mais après s’il n’y a pas vraiment quelque chose de spécial à rider ça ne m’intéresse pas trop.
Niveau destination, l’Alaska ça reste le top pour toi niveau freeride ?
Oui c’est le mieux mais c’est vu et revu, donc il faut trouver des façons différences de le rider. Mais je ne suis pas dans une course aux nouvelles faces. Il y a des bonnes choses à faire dans les pentes raides en Europe en fin de saison. J’ai filmé pour une Standard à Zermatt mi mai au milieu des séracs et c’est le genre de belles images que l’on voit rarement. Je trouve ça plus spécial qu’une ligne de ouf en Alaska, qui même si elle n’a pas déjà été faite, a la même gueule qu’une autre.
Whistler et ses lignes de pillow, ce n’est pas le genre de terrain qui t’inspire ?
Whislter c’est très cool, j’aimerais bien faire des trips en sled mais il y a déjà tellement de monde qui fait du freeride toute l’année que c’est dur d’avoir des bons spots. Mais c’est clair qu’une bonne ligne de pillow dans une part je ne dirais pas non ! Après je suis un peu faignant, donc j’essaye de limiter les voyages.
Et dans les Pyrénées tu as déjà shooté ?
Et non jamais malheureusement. Il y aurait des choses à faire surtout avec les conditions de la saison dernière par exemple mais les hivers passent trop vite. Mais pour faire de la bonne image de freeride il faut aussi toute une logistique qui fait que tu ne peux pas juste te pointer comme ça sur un spot sinon ça ne va rien donner en vidéo. Il faut mieux bien connaître le spot. Et le plus important ce sont les shots aériens donc si on ne peut pas filmer en hélico ça ne vaut pas le coup.
Tu doubles toujours tous tes runs en caméra embarquée quand tu filmes ?
Oui car ça fait toujours des images pour le montage et c’est cool d’avoir la vision du rider.
Ce n’est pas un peu lassant de ne pas vraiment avoir de concurrences dans ton domaine ?
Il y a quand même de bons riders et de la concurrence. Mais j’aimerais vraiment qu’il y a un jeune qui arrive et qui démonte tout avec des lignes de malades. Il me tarde de voir ça !
Tu es sûrement le rider français le plus connu au niveau des médias mainstream. Quelle est ton analyse sur ton image « grand public » ?
Nul n’est prophète en son pays et en France c’est quand même difficile d’amener les médias généralistes vers le snowboard. J’ai l’impression que les Anglais s’intéressent plus à moi que les Français.
Et quels sont les questions récurrentes les plus lourdes auxquelles tu as le droit ?
Quand on me dit tout le temps « Alors tu es un foufou suicidaire ? », c’est pénible, surtout quand c’est dit d’une façon agressive, genre « tu es irresponsable de donner envie aux gens de faire ça ! »
Et comment tu réponds à ça dans les médias mainstream ?
Ma vision est claire et j’explique que je suis super stricte, équipé et carré dans ce que je fais et que les sessions qui sont dans mes vidéos ne représentent pas la façon dont je ride tous les jours. Ce sont quelques sessions de fou dans l’année qui sont préparées bien en amont et que je fais le jour J dans les meilleures conditions possibles. Donc au final je prends moins de risque qu’un mec en station qui va faire du freeride tous les jours par exemple.
Et ça ressemble à quoi une journée de snowboard typique hors tournage de Xavier De Le Rue ?
Je vais souvent sur les pistes avec ma fille de 7 ans, des couloirs avec ma femme à Verbier, un peu de park et des runs de pow dans les bois.
Et dans un run dans les bois, tu vas tranquille ou tu mets toujours les gazes ?
Non toujours au taquet ! J’aime bien rider tout seul pour aller à fond !
Et tu as combien de journées relaxes comme ça dans une saison ?
Pas beaucoup mais l’an passé vu que l’on a fait le projet Antarctique en décembre j’ai pris plus de temps pour moi ensuite et ça m’a fait bien plaisir ! J’étais comme un gamin ! Ces dernières années mon caméraman me disait qu’il avait l’impression que je ne kiffais plus le snow à force de ne faire que des choses engagées. Car quand on va filmer, on est tendu, donc je n’ai pas forcément un grand sourire sur le visage. Ce sont 2 choses différentes de rider pour soi et de filmer. Je prends quand même du plaisir à filmer, mais ce n’est pas pareil.
Comment tu vois la suite de ta carrière ?
Ce qui est bien avec le freeride c’est que l’expérience compte beaucoup, donc j’aimerais peut être m’en servir pour aller découvrir de nouveaux pays. Parfois j’aimerais passer à autre chose et rider juste pour moi. Mais en étant réaliste, ce que je fais me permet d’avoir un style de vie vraiment cool où je peux choisir mes trips car mes sponsors me suivent dans mes délires.
Tu penses faire guide comme reconversion ?
J’y pensais avant, mais maintenant je me verrais plutôt vivre à la plage, pour le style de vie et le surf. Je ne me vois pas vivre en ville, mais même en vivant à la plage, il me faudra toujours un peu de montagne !
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